Note critique sur l’ouvrage de HIBOU Béatrice, La Bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale, Paris : La Découverte, 2012, mars 2013
Le dernier ouvrage de B. Hibou est une exploration sociologique du pullulement normatif qui accompagne l’essor du néolibéralisme depuis une trentaine d’années. Si les cas étudiés sont éclairants, on peut regretter quatre partis pris de méthode : l’assimilation de la bureaucratie à un phénomène essentiellement capitaliste ; la focalisation sur l’ère néolibérale ; une conception trop strictement régalienne de la bureaucratie et du pouvoir ; et la minoration des dimensions symboliques et culturelles de la bureaucratie.
Les Cahiers de la sécurité, n°23, mars 2013, pp.158-165
Depuis le XVIe siècle, la croissance des États européens s’est accompagné de la sédimentation d’une rationalité gouvernementale spécifique, que nous appellerons la rationalité régalienne. Ce mode de gouvernement s’articule aux principes de justice, de légalité, de souveraineté, de sécurité, de centralisation et d’unité. À la fin du XIXe siècle, une rationalité gouvernementale nouvelle apparaît qui va être mobiliser pour penser et diriger les Etats européens et américain. Cette logique de gouvernement s’ordonne aux principes d’organisation, de planification, de contrôle, de comptabilité et d’efficacité. Nous la nommerons la rationalité managériale. L’extension de ce nouvel entendement du pouvoir tout au long du XXe siècle participe de la désacralisation croissante de l’État. Durant les trente dernières années, le pré carré traditionnel de la souveraineté s’est trouvé de plus en plus soumis à cette logique gestionnaire. Ainsi résumée, la distinction entre le principe régalien de justice et l’impératif managérial d’efficacité peut paraître un peu schématique. L’examen du cas de la police et de son rapport ambivalent au droit et à l’efficacité nous permettra de nuancer cette opposition.
Papier de travail, février 2013, 10 p.
Publié vingt ans après son coup d’éclat sur la fin de l’Histoire, le dernier ouvrage de Fukuyama entreprend d’en raconter le début. Cette préquelle entend retracer la naissance et l’arrivée à maturité du héros de cette histoire politique de l’humanité : l’État. La méthode utilisée consiste « à généraliser et à comparer bien des civilisations et bien des époques » (2011, p.39) selon deux perspectives que nous allons maintenant discuter. Si cette quête des origines peut sembler moins intellectuellement hasardeuse que l’annonce d’une fin de l’Histoire, elle n’est guère plus convaincante.
Document de travail, oct. 2011
Pierre Legendre a problématisé le management à la lumière de la pensée juridique chrétienne. Je défends pour ma part que la rationalité gestionnaire institue les individus selon un mode spécifique. Lire en ligne.
Interdépendances, n°84, janvier-février-mars 2012, pp.53-55
Durant les trente dernières années, le pré carré traditionnel de la souveraineté s’est trouvé de plus en plus soumis à la logique gestionnaire. Le glissement d’un critère décisionnel reposant sur le principe de justice à un standard articulé à l’impératif d’efficacité constitue un révélateur de ce changement de paradigme gouvernemental. Lire l’article