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Après le Consensus de Porto Alegre, l’Appel de Bamako

Indymedia Marseille, 20 janvier 2006

Thèmes liés : ONG et altermondialisme


« Nous devons désormais constituer un véritable contre-pouvoir à l’échelle mondiale, un contre-pouvoir qui doit se poser la question du passage au politique. » Ignacio Ramonet résumait ainsi les enjeux de la conférence de Bandung bis qui a eu lieu en marge de l’ouverture du FSM de Bamako ces 18 et le 19 janvier. Si l’objectif de construire une unité politique autour de quelques propositions consensuelle est louable, les organisateurs de la conférence ont parfois versé dans le despotisme éclairé. Lire l’article.


C’était il cinquante ans : entre le 18 et le 25 avril 1955 se réunissaient dans la ville javanaise de Bandung 29 pays de ce qu’Alfred Sauvy avait nommé trois ans plus tôt le "Tiers monde". La conférence conduisit à l’affirmation du non alignement (indépendance, non ingérence, développement) et du soutien aux pays encore sous domination coloniale.

Le 29 janvier 2005, lors du FSM, un groupe de 19 personnalités réalisait un projet toujours refusé par le Comité d’organisation du forum : présenter un ensemble de propositions faisant consensus au sein de la mouvance qui serait à l’altermondialisme ce que le Consensus de Washington est au néolibéralisme. Sous le titre de « Consensus de Porto Alegre », 12 propositions récapitulaient les points de convergence des revendications des mouvements sociaux réunis à Porto Alegre, comme l’annulation de la dette, l’interdiction des paradis fiscaux, une taxe internationale sur les transactions financières ou encore le démantèlement des bases militaires étrangères. La démarche avait été fortement critiquée parce qu’elle oubliait des thèmes majeurs comme l’opposition à la guerre et pour son caractère vertical et programmatique, en contradiction avec l’idée présente dans la charte du FSM d’un « espace de rencontre ouvert » qui « ne prétend pas être une instance représentative de la société civile mondiale ».

Un an plus tard, les organisateurs de la Conférence de Bandung persistent et signent. Réunis le 18 et le 19 janvier en marge du FSM de Bamako, quelques grandes figures de la mouvance altermondialiste tels que Samir Amin, François Houtart, Aminata Traoré, Bernard Cassen et Ignacio Ramonet ont annoncé leur ambition de construire un programme politique sur la base des revendications portées par la mouvance. L’objectif est désormais, pour les animateurs, de passer d’une logique de mouvements opérant à la marge à une logique de parti visant la conquête du pouvoir. En deux mots, disait François Houtard : de passer « de la construction d’une conscience collective à la construction d’un acteur collectif ».

La démarche de validation par les participants de quelques grandes lignes politiques fixées en huis-clos est critiquable. Elle exprime le décalage entre une intelligensia éclairée monologuant devant les caméras et des participants, notamment les plus jeunes, en quête de dialogue et d’écoute. Elle révèle également l’un des paradoxes des Forums et de la mouvance alter en général : s’il y a nécessité de respecter la diversité des positions des différents mouvements, il y a aussi nécessité de construire un consensus et de mettre en avant des propositions alternatives.

Bien que soutenue par de grandes figures de l’altermondialisme, l’initiative est restée marginale et peu suivie par les participants, comme ce fut le cas du manifeste de Porto Alegre. Il n’en reste pas moins que le message à l’endroit des mouvements (« nous ne changerons pas le monde en restant à l’état de mouvements ») est dévastateur. La mouvance altermondialiste est-elle, comme l’ont déclamé les organisateurs de la conférence, sur le point de faire un pas en avant ? Ou s’agit-il au contraire d’un pas en arrière ?




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