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Sortie des artistes

À propos de Geoff Dyer, Les derniers jours de Roger Federer. Et autres manières de finir, trad. de P. Mathieu. Éditions du sous-sol, 2024.

Thèmes : Notes de lecture

Le précédent ouvrage traduit en français de Geoff Dyer, Ici pour aller ailleurs (trad. P. Demarty, Sous-Sol, 2020), s’ouvrait sur une scène amusante : sa visite de la Cité interdite en compagnie d’une guide qui ne connaissait pas grand-chose au monument mais se révélait charmante. Le lecteur de ce nouveau livre doit se préparer à une expérience comparable. La soixantaine passée, Geoff Dyer, critique et romancier britannique vivant aux États-Unis, pioche librement dans l’histoire de l’art et dans ses souvenirs pour méditer sur le temps qui passe et emporte tout vers sa fin. À lire ici


Un portrait sociologique raté des intellectuels médiatiques français

Quaderni, Communication, technologies, pouvoir, n° 111, p. 115-124. À propos de RIEFFEL Rémy, L’Emprise médiatique sur le débat d’idées. Trente années de vie intellectuelle (1989-2019), PUF, 2023.

Thèmes : Notes de lecture

L’ouvrage traite de problèmes importants et difficiles à cerner, notamment la surface médiatique occupée par une poignée d’intellectuels et l’impact des médias numériques sur la vie des idées. Il présente l’intérêt de synthétiser de nombreux travaux sur les médias dans un style vif. Mais il souffre aussi d’importants défauts. En ligne aussi ici.

LeTexier_Portrait-sociologique-rate-Rieffel_QUADERNI_111.pdf


L’atelier d’écriture des sciences sociales (suite)

Lectures, 14 mai 2024. À propos de STARK David (dir.), Practicing Sociology. Tacit Knowledge for the Social Scientific Craft, Columbia University Press, 2024.

Thèmes : Notes de lecture - Science

Le sociologue David Stark a invité d’éminents collègues à répondre à l’une des trois questions suivantes : comment choisissez-vous un nouveau sujet de recherche ? Quelle est votre stratégie de publication ? Une fois que vous avez reçu les rapports des relecteurs, comment améliorez-vous un article soumis à une revue ? Les réponses de 33 chercheurs ont été publiées dans trois numéros spéciaux de la revue Sociologica, que les presses universitaires de Columbia viennent de rééditer en un volume. À lire ici ou dans sa version complète ci-dessous.

LeTexier_Note-de-lecture_STARK_Practicing-Sociology_(v2_04-2024).pdf


Utopie nucléaire

En attendant Nadeau, n° 197, 7 mai 2024. À propos de BROWN Kate, Plutopia. Une histoire des premières villes atomiques, trad. de C. Weis, Actes Sud, 2024 [2013].

Thèmes : Notes de lecture - Technique

Deux communautés idylliques, construites au milieu de nulle part, l’une aux États-Unis et l’autre en Russie, ont fourni en plutonium l’arsenal atomique des deux rivaux de la Guerre froide. Plutopia, livre remarquable de l’historienne américaine Kate Brown, en retrace la terrifiante histoire. À lire ici.


Lutter contre le « fondamentalisme du marché » (au risque d’instrumentaliser la science)

Terrestres, 18 mars 2024. À propos de ORESKES Naomi et CONWAY Erik M., Le Grand mythe. Comment les industriels nous ont appris à détester l’État et à vénérer le libre marché, trad. de É. Roy, Les liens qui libèrent, 2024 [2023].

Thèmes : Notes de lecture - Science - Etat - Economie

Le livre propose un récit édifiant des efforts déployés par le patronat américain pour promouvoir une idéologie anti-État et pro-marché. La thèse est ambitieuse, mais la démonstration ne suit pas. En ligne ici.

LeTexier_Note-de-lecture_ORESKES-&-CONWAY_Grand-mythe_(v2_02-2024).pdf


Le médicament qui a mis à genoux la santé publique américaine

Critique, vol. 11, n° 919, 2023, p. 1046-1056. Autour de RADDEN KEEFE Patrick, Empire of Pain : The Secret History of the Sackler Dynasty, Knopf Doubleday, 2021.

Thèmes : Marketing - Notes de lecture

Entre 1999 et 2010, les prescriptions d’opioïdes ont quadruplé aux États-Unis, tandis qu’augmentaient d’autant les addictions et les décès liées à ces dérivés de l’opium. En 2021, le nombre total des Américains morts d’une overdose liée aux opioïdes était proche de 500 000, suffisamment pour faire baisser l’espérance de vie aux États-Unis. À l’origine de cette catastrophe sanitaire, on trouve la campagne marketing la plus agressive jamais entreprise par l’industrie pharma- ceutique pour vendre un narcotique potentiellement addictif, dont plusieurs livres viennent de retracer l’histoire et les désastreuses conséquences.

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Le marketing des médicaments, une malédiction américaine

Revue du Crieur, vol. 2, n°23, 2023, p. 92-109.

Thèmes : Marketing

Alors qu’ils représentent moins de 5 % de la population mondiale, les Américains consomment un quart des médicaments vendus sur ordonnance dans le monde. Aucune nation ne dépense davantage pour sa santé et peu sans doute dépensent aussi mal : plusieurs indicateurs clés, dont l’espérance de vie, la mortalité infantile et la probabilité de vivre au-delà de cinquante ans, situent les États-Unis au dernier rang parmi les pays riches. Si les marchés sont supposés harmoniser automatiquement les intérêts privés et le bien public, le cas des médicaments montre que les marchés peuvent produire le pire, avec l’aide précieuse du marketing.

LeTexier_Le-marketing-des-medicaments_Crieur_2023.pdf


Introduction philosophique et surannée à la sociologie

Lectures, 28 septembre 2023. À propos d’ARON Raymond, Critique de la pensée sociologique. Cours au Collège de France (1970-1971 et 1971-1972), Odile Jacob, 2023.

Thèmes : Notes de lecture - Science

La publication posthume des cours d’illustres professeurs offre parfois une fenêtre incomparable sur les pans non publiés de leur œuvre, leurs choix de méthodes ou le contexte intellectuel de l’époque. On pense aux cours de Foucault sur la souveraineté et la biopolitique, ou à ceux de Bourdieu sur Manet et sur l’État, riches en apartés auto-réflexives et en stimulantes hypothèses. Ce n’est malheureusement pas le cas de ces deux premières années de cours dispensées par Raymond Aron au Collège de France, et l’on peut d’autant plus s’interroger sur les raisons de leur parution que l’auteur a beaucoup publié de son vivant. Ces deux années d’enseignement, qui devaient constituer la suite de son ouvrage Les étapes de la pensée sociologique, ont pour ambition « tout à la fois de fonder, de justifier et de limiter la pensée sociologique et sa portée » (p. 25). Mais cette ambition est largement déçue. Dans ses Mémoires, Aron admettra lui-même avoir « manqu[é] totalement ce cours » et jugera qu’il ne méritait pas d’être transformé en livre. En ligne ici.


La culture de la récompense

Revue française de sociologie, vol. 63, n° 3, 2022, pp. 603-605. À propos de DELAPORTE Chloé, La Culture de la récompense. Compétitions, festivals et prix cinématographiques, Presses universitaires de Vincennes, 2022.

Thèmes : Notes de lecture

Alors que les universitaires se focalisent habituellement, à l’instar des médias, sur les lauréats des prix cinématographiques et audiovisuels, ce livre montre que ces prix valorisent au moins autant les « récompenseurs » que tous les récompensés. Une enquête d’une grande finesse empirique, vivante, bien écrite et richement illustrée.

LeTexier_Note-lecture_DELAPORTE_Culture-de-la-recompense_RFS_633_0603.pdf


L’insaisissable empire des règles

Lectures, 12 octobre 2022. À propos de DASTON Lorraine, Rules : A Short History of What We Live By, Princeton University Press, 2022.

Thèmes : Notes de lecture - Science

Le dernier ouvrage de Lorraine Daston propose une histoire des règles en Occident depuis l’Antiquité – une histoire des manières de penser la règle, mais aussi de l’appliquer. Malgré ce programme écrasant, l’historienne des sciences produit une réflexion pleine de qualités : bien écrite, claire, d’une érudition réjouissante et jamais gratuite, volontiers drôle. Même si le livre n’est pas sans défauts importants. En ligne ici.


Critique de deux ouvrages de David Colon sur la propagande

20 & 21. Revue d’histoire, n°153, 2022, p. 186-187. À propos de COLON David, Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain, Belin, 2019, et Les Maîtres de la manipulation. Un siècle de persuasion de masse, Tallandier, 2021.

Thèmes : Marketing - Notes de lecture

Deux livres qui cumulent problèmes de définition, affirmations abusives, approche restrictive et surestimation des effets de la propagande.

Le Texier_ CR de Colon, Propagande_(20 et 21)_153.pdf


Réponse à la recension de K. Mellet dans La vie des idées

29 septembre 2022.

Thèmes : Marketing - Notes de lecture

La recension de Kevin Mellet me paraît poser trois problèmes : mal résumer le livre, lui inventer des lacunes et promouvoir des travaux pour des raisons qui semblent plus personnelles que scientifiques. Comme on va le voir en la reprenant point par point, il s’agit d’une recension à charge. Elle est en ligne là et ma réponse est à lire ici.


Aux bons soins du capitalisme

Lectures, 20 juin 2022. À propos de SALMAN Scarlett, Aux bons soins du capitalisme. Le coaching en entreprise, Presses de Sciences Po, 2021.

Thèmes : Management - Notes de lecture

Si j’en crois mon expérience de lecteur, le travers est courant en sciences sociales : pour donner une cohérence ou du clinquant à ses découvertes, par goût de l’abstraction, ou peut-être pour rentabiliser de longues heures de lecture, le chercheur presse ses résultats dans le moule de théories toutes faites. Peu maniables, intimidants, ces gros blocs conceptuels sont souvent à peine discutés ou nuancés, même quand le matériau les contredit. Le plus clair du temps, ils aveuglent plus qu’ils n’éclairent les données durement glanées, à la manière d’une puissante source lumineuse placée non pas en surplomb d’un tableau mais juste à côté. En ligne ici.


L’atelier d’écriture des sciences sociales

Lectures, 4 avril 2022. À propos de LE BART Christian et MAZEL Florian (dir.), Écrire les sciences sociales, écrire en sciences sociales, Presses universitaires de Rennes, 2021.

Thèmes : Notes de lecture - Science

Qu’ils le veuillent ou non, et quelle que soit leur discipline, les chercheurs font le métier d’écrire. La vie de l’esprit se déroule en public. Il faut passer par l’écrit pour formuler ses idées, les trier, les articuler, les tester, les partager. Et les communautés scientifiques sont organisées autour de la production, de la réception et de l’usage de textes. Même dans les sciences dures, comme l’ont montré Bruno Latour et Steve Woolgar à propos de la biologie, les scientifiques sont « des écrivains compulsifs, sinon maniaques ». Ce que désirent les universitaires (un poste, une augmentation, un financement, de la reconnaissance, des disciples), c’est largement par l’écrit qu’ils peuvent l’obtenir. Bref, l’écriture est une affaire sérieuse.
L’article entier est en ligne là. Les conseils de lecture qu’il présente sont en ligne ici.


La main visible des marchés : une histoire critique du marketing

La Découverte, février 2022.

Thèmes : Marketing - Livre

La physionomie de nos sociétés dépend de vendeurs et d’acheteurs qui ne se rencontrent plus comme autrefois sur les marchés de plein air ou dans les ateliers des artisans. Depuis un siècle, les articles jugés sur pièce ont fait place à des « produits » pré-emballés, bardés de marques et poussés à travers des « canaux de distribution » matériels et médiatiques ; les clients sont devenus des « consommateurs ». Ajustant chaque jour la production à la consommation et la consommation à la production, le marketing est loin d’être un simple intermédiaire : il exerce une influence profonde, nourrie de toutes les sciences sociales, y compris dans la sphère intime, en politique ou à l’université. La société tout entière est « orientée-marché », sous la bénédiction de l’État et malgré bien des réticences individuelles.
Avec le management, le marketing a fait de l’entreprise l’institution cardinale de notre époque, dont notre survie dépend toujours davantage. Bien mieux que la science économique, la rationalité marketing permet de comprendre intimement les entreprises et les marchés. Et pourtant, l’histoire de ce savoir pratique indispensable au bon fonctionnement du capitalisme reste méconnue.


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Penser la surveillance au-delà de Foucault

Critique, tome 56, n°882, 2020, pp.952-968, à propos de HARCOURT Bernard E., La Société d’exposition : désir et désobéissance à l’ère numérique, trad. de S. Renaut, Seuil, 2020 [2015], et The Counterrevolution : How Our Government Went to War against Its Own Citizens, Basic Books, 2018.

Thèmes : Gouvernance - Notes de lecture - Marketing

La Société d’exposition part d’un constat qui ne devrait plus surprendre depuis les révélations d’Edward Snowden, en 2013 : « Notre envie de publier des selfies sur Instagram et des commentaires sur Facebook, de faire des recherches sur Google, d’acheter sur Amazon, de regarder des films sur Netflix et des vidéos sur YouTube alimente sans qu’on le veuille les mécanismes de surveillance des GAFA, de la NSA, de la DGSE et des services de renseignement du monde entier » (p. 252). Son originalité est d’essayer de lier cette surveillance généralisée à deux réalités en apparence très éloignées : d’un côté une économie du désir, de l’autre les politiques répressives menées aux États-Unis depuis le 11-Septembre. L’ambition est très louable, mais la démarche intellectuelle n’a pas toujours la rigueur qui rendrait la démonstration convaincante.

LeTexier_Penser-la-surveillance-Foucault_Harcourt.pdf


Johann Chapoutot’s reductio ad Hitlerum : When ideology prevails over historical rigor (review of J. Chapoutot, Free to Obey)

Review of Johann Chapoutot, Free to Obey : How the Nazis Invented Modern Management, translation by S. Rendall, Europa Editions, 2023 (Libres d’obéir. Le management, du nazisme à aujourd’hui, Gallimard, 2020). Review originally published in French in the Revue d’histoire moderne et contemporaine, Vol. 3, no. 67, 2020, pp.171-187.

Thèmes : In English - Management - Notes de lecture

Johann Chapoutot’s new book makes two main claims : not only that Nazism was a “managerial moment,” but also that it was “one of the seedbeds of modern management.” He fails to prove either of these hypotheses. The first part of the book describes a Nazism that is not particularly managerial, while the second describes a management that is not particularly Nazi. Regarding the “managerial moment” claim, Chapoutot focuses on just a handful of SS jurists whose ideas had more to do with military command than management, and whose influence on management seems minimal. As for the second claim, it relies on a flawed syllogism : an SS jurist becomes an influential management instructor in postwar Germany ; some elements of his managerial theory were already present in his pre-1945 writings ; therefore, management is tied to Nazism. In attempting to tackle a vast question, Chapoutot offers a history that is riddled with blind spots, partial, and sometimes even tendentious. (Article original en français.)

LeTexier_Johann Chapoutot’s Reductio ad Hitlerum.pdf


La reductio ad Hitlerum de Johann Chapoutot : quand l’idéologie l’emporte sur la rigueur historique

Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 3, n° 67, 2020, pp.171-187. À propos de CHAPOUTOT Johann, Libres d’obéir. Le management, du nazisme à aujourd’hui, Gallimard, 2020.

Thèmes : Management - Notes de lecture

Le livre défend deux thèses : le nazisme a été non seulement « un moment managérial », mais aussi « une des matrices du management moderne ». Ni l’une ni l’autre de ces thèses n’est cependant démontrée, la première partie du livre présentant un nazisme bien peu managérial, et la deuxième un management bien peu nazi. En fait de « moment managérial », J. Chapoutot ne s’intéresse qu’à une poignée de juristes SS dont les réflexions avaient davantage à voir avec le commandement militaire qu’avec le management, et dont l’influence dans le domaine managérial semble insignifiante. La seconde thèse, quant à elle, repose sur un syllogisme biaisé : un juriste SS devint un influent professeur de management dans l’Allemagne d’après-guerre ; or des éléments de sa théorie managériale étaient présents dans ses écrits antérieurs à 1945 ; donc le management est lié au nazisme. Face à une question immense, J. Chapoutot propose une histoire constellée d’angles morts, partiale et parfois même tendancieuse. (English translation here.)

Le_Texier__La_Reductio_ad_Hitlerum_de_Johann_Chapoutot.pdf


The SPE Remains Debunked : A Reply to Zimbardo and Haney (2020)

January 24, 2020.

Thèmes : In English - Science

Le Texier (2019) conducted the first in-depth analysis of the Stanford Prison Experiment (SPE) archives, resulting in seven substantiated findings : (1) several key elements, such as the prison rules and daily schedule, were not created by the guards but were taken from a student experiment conducted 3 months earlier ; (2) the guards were not informed that they were participants, leading them to think they were part of the experimental team and thus impacting their behavior toward the prisoners ; (3) the prisoners could not leave of their own will and were subjected to harsh conditions designed by the experimenters ; (4) the guards not only knew what results Zimbardo wanted to achieve but were told how to achieve them ; (5) the participants were almost never completely immersed in the unrealistic prison situation, as Zimbardo has claimed ; (6) the collection and reporting of the data were incomplete and biased ; and (7) the conclusions of the SPE had been written in advance according to nonacademic aims.
Zimbardo and Haney’s (2020) comment and Zimbardo’s (2018) online response to recent SPE criticisms did not address three of these findings and failed to present any evidence contradicting the other four. Thus, the SPE remains a debunked, invalid study whose results should be disregarded.

Le Texier_Reply to Zimbardo and Haney_AmPsy_(01-2020)_v3.pdf


Confessions, secrets et non-dits : l’auto-analyse d’une ethnologue dans la guerre froide

Zilsel, n°6, octobre 2019, pp.418-466. À propos de : VERDERY Katherine, Secrets and Truths : Ethnography in the Archive of the Romanian Secret Police, Central European University Press, 2014, et My Life as a Spy : Investigations in a Secret Police File, Duke University Press, 2018.

Thèmes : Science - Notes de lecture

« Je suis allée en Transylvanie en 1973, pendant le règne du dictateur communiste Nicolae Ceau ?escu, afin de conduire des recherches ethnographiques sur la vie rurale ; je suis retournée en Roumanie pour continuer ces recherches à plusieurs reprises dans les années 1970 et 1980, cumulant plus de trois années sur place. Puis, plusieurs décennies plus tard, j’ai découvert que la police secrète roumaine, la Securitate, avait constitué un énorme dossier de surveillance à mon sujet : 2781 pages. À sa lecture, j’ai appris que j’étais “en réalité” une espionne, un agent de la CIA, une agitatrice hongroise, une amie de dissidents : bref, une ennemie de la Roumanie. » (2018, p. xi)

LeTexier_Confessions-secrets-non-dits_Zilsel-6_oct-2019.pdf


Debunking the Stanford Prison Experiment

American Psychologist, vol. 74, no. 7, 2019, pp.823-839.

Thèmes : In English - Science

The Stanford Prison Experiment (SPE) is one of psychology’s most famous studies. It has been criticized on many grounds, and yet a majority of textbook authors have ignored these criticisms in their discussions of the SPE, thereby misleading both students and the general public about the study’s questionable scientific validity. Data collected from a thorough investigation of the SPE archives and interviews with 15 of the participants in the experiment further question the study’s scientific merit. These data are not only supportive of previous criticisms of the SPE, such as the presence of demand characteristics, but provide new criticisms of the SPE based on heretofore unknown information. These new criticisms include the biased and incomplete collection of data, the extent to which the SPE drew on a prison experiment devised and conducted by students in one of Zimbardo’s classes 3 months earlier, the fact that the guards received precise instructions regarding the treatment of the prisoners, the fact that the guards were not told they were subjects, and the fact that participants were almost never completely immersed by the situation. Possible explanations of the inaccurate textbook portrayal and general misperception of the SPE’s scientific validity over the past 5 decades, in spite of its flaws and shortcomings, are discussed.
http://dx.doi.org/10.1037/amp0000401

LeTexier_Debunking-the-SPE_AmericanPsychologist_2019.pdf


Le néolibéralisme, voilà l’ennemi

Lectures, 27 mai 2019. À propos de CHAMAYOU Grégoire, La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire, La Fabrique, 2018.

Thèmes : Economie - Notes de lecture

Je dois commencer par dire que je connais personnellement Grégoire Chamayou. C’est lui qui a proposé mon premier livre au comité de rédaction de La Découverte, et il a accueilli mon second livre dans sa collection « Zones », au sein des mêmes éditions. Je n’entreprends donc pas cette critique de gaité de cœur. Le compte rendu d’Alexandre Klein ayant bien résumé le livre, je me contenterai de pointer les travers de la thèse et les limites de la méthode. En ligne ici.


La démocratie d’entreprise : une utopie à portée de main ?

La vie des idées, 8 mars 2019

Thèmes : Management - Notes de lecture

Voté par l’Assemblée nationale en octobre 2018, le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) est actuellement examiné par le Sénat. C’est l’occasion de revenir sur la démocratie d’entreprise, qui vient de faire en France l’objet d’une abondante littérature. En ligne ici.


Histoire d’un mensonge : enquête sur l’expérience de Stanford

La Découverte, « Zones », avril 2018

Thèmes : Science - Livre

Conduite en 1971 par le professeur Philip Zimbardo, l’« expérience de Stanford sur la prison » a vu vingt-deux étudiants volontaires jouer les rôles de gardiens et de prisonniers au sein d’une fausse prison installée dans l’université Stanford.
L’expérience devait durer deux semaines mais elle fut arrêtée au bout de six jours, résume Zimbardo, car « les gardiens se montrèrent brutaux et souvent sadiques et les prisonniers, après une tentative de rébellion, dociles et accommodants, même si la moitié d’entre eux furent si perturbés psychologiquement qu’ils durent être libérés plus tôt que prévu ».
Devenue presque aussi célèbre que l’expérience de Stanley Milgram sur l’obéissance et souvent citée en exemple de l’influence des situations sur nos comportements, l’expérience de Stanford est pourtant plus proche du cinéma que de la science : ses conclusions ont été écrites à l’avance, son protocole n’avait rien de scientifique, son déroulement a été constamment manipulé et ses résultats ont été interprétés de manière biaisée.




History of a Lie : Debunking the Stanford Prison Experiment
In 1971, the famous Stanford Prison Experiment aimed to show that normal people could behave in pathological ways, becoming hostile and sadistic, under the influence of their environment.
Based on a thorough investigation in the archives of the experiment and on interviews with about half the people who participated in it, this book shows that the Stanford experiment is closer to cinema than science. In particular, it provides strong and numerous evidences that :

  1. The SPE was modeled after a student experiment : The Toyon Hall experiment.
  2. The guards knew what results were expected from them.
  3. The guards were trained and supervised by the experimenters.
  4. The guards were following a schedule and a set of rules written by the experimenters.
  5. The experimenters deceived the guards and made them believe they were not subjects.
  6. The participants responded to demand characteristics.
  7. The prisoners were conditioned by the experimenters.
  8. The prisoners were not allowed to leave the experiment at will.
  9. The mock prison situation was unrealistic and most participants did not forget they were participating in an experiment.
  10. The data was not collected properly.
  11. The experiment was inaccurately reported.
  12. The conclusions were pre-written according to non-academic aims.


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Note de lecture sur Bourdieu, Anthropologie économique, cours au Collège de France, 1992-1993

À propos de BOURDIEU Pierre, Anthropologie économique, cours au Collège de France, 1992-1993, éd. établie par P. Champagne et J. Duval, Seuil ; Raisons d’agir, 2017.

Thèmes : Economie - Notes de lecture

Bourdieu s’est intéressé à l’économie depuis ses premiers travaux en Algérie. Tout en bâtissant une œuvre « orientée, et cela dès l’origine, contre la réduction de toutes les pratiques à l’économie » (1992, p. 92), il emprunte de nombreux concepts à la théorie économique : capital, investissement, profit, valeur, offre, demande, marché, monopole, contrat, concurrence. Il est ainsi surprenant de voir qu’il n’a consacré à l’économie que deux années de ses cours au Collège de France, dont seule la première est ici retranscrite. Ces neufs cours, donnés entre avril et juin 1993, se divisent en deux parties : à une longue introduction consacrée à l’« Essai sur le don » de Mauss succède une réflexion très générale sur la théorie néoclassique, l’homo œconomicus et les fondements sociaux de l’action économique. Ils sont assez décevants.

LeTexier_Note-Lecture_BOURDIEU_Anthropologie-economique_(v2_03-2018).pdf


Démocratiser l’entreprise

Esprit, mars 2018, dossier dirigé avec Thibaud Brière

Thèmes : Management - Economie

Trois articles sont consultables gratuitement sur le site d’Esprit.
Briere-LeTexier_Introduction_Esprit-mars2018.pdf
LeTexier_Management_anti-democratique_Esprit-mars2018.pdf


Le capital par le petit bout de la lorgnette

Revue française de science politique, vol. 67, n°3, 2017, pp. 547-554. À propos de BOLTANSKI Luc et ESQUERRE Arnaud, Enrichissement. Une critique de la marchandise, Gallimard, 2017.

Thèmes : Economie - Notes de lecture

Les sociologues Luc Boltanski et Arnaud Esquerre se proposent de faire pièce à une question économique majeure : comment les objets sont-ils investis d’une valeur propre ? Leur réponse prend la forme d’une typologie distinguant quatre formes principales de valorisation : la forme standard (objets industriels de série vendus neufs), la forme collection (objets déjà là appartenant à des séries qu’il s’agit de compléter), la forme actif (objets achetés uniquement pour être revendus), la forme tendance (objets saisonniers liés à une mode). La démonstration, très documentée, pêche néanmoins par sa longueur, ses partis pris méthodologiques et la faiblesse de ses concepts.

Le_Texier_-_Le_capital_par_le _petit_bout_de_la_lorgnette.pdf


Une histoire de l’efficacité

Publié sous le titre « Généalogie de l’efficacité », in MUSSO Pierre (Ed.), L’Entreprise contre l’État ?, Paris : Manucius ; Nantes : Institut d’études avancées de Nantes, 2017, pp.163-172

Thèmes : Management - Technique

Valorisée depuis au moins le siècle des Lumières, l’efficacité, ce principe cardinal de la rationalité instrumentale, est popularisée par les ingénieurs américains proches de Frederick Taylor, et aujourd’hui universellement célébrée par les modernisateurs de tout poil et les professionnels du coaching. Un regard sur l’histoire ancienne et sur les sociétés primitives suffit pourtant à montrer que l’efficacité n’a rien d’universel.

LeTexier_Genealogie-efficacite_2017.pdf


L’entreprise hors-la-loi

La vie des idées, 20 février 2017. À propos de Jean-Philippe Robé, Le Temps du monde de l’entreprise. Globalisation et mutation du système juridique, Dalloz, 2015.

Thèmes : Gouvernance - Notes de lecture

Si l’entreprise n’a pas d’existence juridique, elle a su détourner le droit des individus à son profit et elle constitue en soi un système légal autonome. Ces trois thèses forment le cœur d’un recueil d’articles en français et en anglais de l’avocat et enseignant à l’École de droit de Science Po Jean-Philippe Robé. À lire ici. (Article paru sur le site laviedesidees.fr le 20 février 2017 et repris dans CHAVAGNEUX Christian et LOUIS Marieke (Ed.), Le Pouvoir des multinationales, Paris : PUF ; Vie des idées, p. 55-61.)


Le taylorisme n’est pas mort

Paru dans la revue Cadres CFDT, n°471, décembre 2016, pp.73-79

Thèmes : Management

Frederick Taylor n’est pas seulement le père de l’organisation scientifique du travail. Sa pensée infuse l’ensemble du management moderne, de la chaîne d’assemblage au coaching 2.0. En ligne ici.

LeTexier_CFDT_471_art10-le taylorisme n’est pas mort.pdf


David Graeber et les limites du militantisme théorique

Lectures, 15 septembre 2016. À propos de GRAEBER David, Bureaucratie. L’utopie des règles, Les Liens qui libèrent, 2015.

Thèmes : Management - Notes de lecture

Disons le tout de suite : si David Graeber est un penseur original et souvent inspiré, son dernier recueil d’articles est un peu décevant. Loin de montrer l’érudition et l’esprit de synthèse qui faisaient la force de sa critique de la dette, il ne fait que rassembler, généralement sans les approfondir, des observations déjà présentes dans ses précédents ouvrages. La sortie très médiatisée de ce livre est l’occasion de discuter les thèses politiques de son auteur et les platitudes théoriques de son militantisme.
La suite En ligne ici.


Le maniement des hommes : essai sur la rationalité managériale

La Découverte, janvier 2016

Thèmes : Management - Livre

Regardons autour de nous. À quoi ressemble notre monde, sinon à un continuum fonctionnel d’appareils, d’organisations et de managers ?
Depuis un siècle, tandis que la critique vilipendait le capitalisme et l’État, la gestion, subrepticement, s’est immiscée partout.
Ainsi manageons-nous aujourd’hui les entreprises et leurs salariés, certes, mais aussi les écoles, les hôpitaux, les villes, la nature, les enfants, les émotions, les désirs, etc. La rationalité managériale est devenue le sens commun de nos sociétés et le visage moderne du pouvoir : de moins en moins tributaire de la loi et du capital, le gouvernement des individus est toujours davantage une tâche d’optimisation, d’organisation, de rationalisation et de contrôle.
Ce livre montre comment cette doctrine, forgée il y a cent ans par une poignée d’ingénieurs américains, a pu si rapidement conquérir les consciences, et comment l’entreprise a pris des mains de l’État et de la famille la plupart des tâches nécessaires à notre survie.

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Le management de soi

Le Débat, n°183, janvier 2015, pp.75-86

Thèmes : Management

Depuis une vingtaine d’années, de plus en plus d’ouvrages de coaching et de développement personnel recommandent à leurs lecteurs de se gouverner selon les principes du management. L’entreprise devenue l’institution cardinale des sociétés occidentales, conseiller aux individus de se rationaliser, de s’organiser, de se contrôler et de s’optimiser est peut-être, en effet, un bon service à leur rendre.

LeTexier_Management-de-soi_Le -Debat_01.2015.pdf


Éric Sadin et le coup d’État technologique permanent

Quaderni, Communication, technologies, pouvoir, n°86, hiver 2014-2015, pp.79-82. À propos de SADIN Éric, Surveillance globale : enquête sur les nouvelles formes de contrôle, Climats, 2009, La Société de l’anticipation : le web précognitif ou la rupture anthropologique, Inculte, 2011 et L’Humanité augmentée : l’administration numérique du monde, L’Échappée, 2013.

Thèmes : Technique - Notes de lecture

Dans une trilogie dont le dernier volume vient de paraître, l’écrivain et philo- sophe Éric Sadin entend montrer comment les évolutions contemporaines de la technologie ont profondément transformé la condition humaine. Pour intellectuellement stimulants et séduisants qu’ils soient, ces trois essais sur les sociétés de contrôle à l’heure du numérique posent plusieurs problèmes. Pour le dire d’un mot, leur auteur privilégie souvent la prédiction et le concept dropping à l’analyse empirique et à la théorisation.

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Mesurer soi-même sa qualité de vie, une figure du management de soi

Conférence à l’ENS le 26 mai 2014, journée d’études « Mesurer la qualité de la vie dans la cité et au travail : projet gestionnaire ou phénomène démocratique ? »

Thèmes : Management

L’analyse d’un programme de développement personnel commercialisé par le coach américain Anthony Robbins montre en quoi il incite ses usagers à la quantification des différents aspects de leur existence, aux fins d’une qualité accrue de celle-ci. Au-delà de cette injonction à l’auto-quantification, de nombreux ouvrages de coaching de vie et de développement personnel édités depuis une vingtaine d’années aux États-Unis (et dans une moindre mesure en France) tendent à prescrire des modes de gouvernement de soi calqués sur le modèle du management d’entreprise.

Lire le texte de la conférence


Le management, art de l’efficacité et non du profit : étude du champ lexical du terme « management » dans la littérature anglophone depuis la fin du XVIIIe siècle

Economies et sociétés, Tome XLVIII, n°1, janvier 2014, pp.5-34

Thèmes : Management

À la lumière d’une étude lexicale et historique des usages du terme « management » par des auteurs anglais et américains depuis la fin du XVIIIe siècle, il apparaît que le principe de profit n’est pas un opérateur théorique privilégié par les penseurs de cette notion. Le management ne serait pas par nature à but lucratif. Bien au contraire, ce concept semble avoir été construit sémantiquement, depuis la fin du XVIIIe siècle, dans le rejet du référentiel marchand. L’efficacité, bien davantage que le profit, constitue le principe directeur de la rationalité managériale. Plutôt que de naturaliser cette notion d’efficacité et de l’introniser mètre-étalon universel des phénomènes organisationnels, il fait sens d’analyser comment et pourquoi elle en est venue à être socialement valorisée au sein des sociétés industrielles.

A historical and lexical study of the uses of the word “management” by English and American authors from the end of the 18th century reveals that the principle of profit does not constitute a major conceptual framework for the early thinkers of management. Management would not be, by nature, a for-profit activity. On the contrary, this concept seems to have been semantically built, from the end of the 18th century, upon the rejection of the market reference. Efficiency, much more than profit, is the leading principle of managerial rationality. Rather than naturalizing this notion of efficiency and making it the universal yardstick of organizational phenomena, it makes sense to analyze why and how it came to be highly valued within industrial societies.

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Misère de l’humanité numérique : la pensée de Jaron Lanier

La vie des idées, 29 octobre 2013

Thèmes : Technique - Notes de lecture

La compréhension du monde et sa transformation peuvent-elles se réduire à de simples questions de programmation ? Alors que vient de paraître son deuxième ouvrage, Who Owns the Future ?, il n’est pas inutile de discuter les intuitions du geek humaniste Jaron Lanier, qui dénonce la standardisation des consciences et la démonétisation croissante de l’économie. En ligne ici.


Veblen, Commons, and the Modern Corporation : Why Management Does Not Fit Economics

Homo Œconomicus, Volume 30, Issue 1, 2013, pp.101-120

Thèmes : Management - Economie - In English

At the end of the 19th century, the everyday activities of developing corporations modified the usual field of economic investigations. Nevertheless, economists were slow off the mark and seemed reluctant to give a proper place to this new player in their theoretical schemes. Thorstein Veblen and John R. Commons offered the first comprehensive history of the modern business firm. Little interested in the anatomy of the corporate leviathan, they rather sounded out its soul and analyzed its double-sided spirit, both pecuniary and industrial.

LE TEXIER - Veblen, Commons, and the Modern Corporation (03.2012).pdf


Sortir d’une crise économique, le mode d’emploi de Paul Krugman

La vie des idées, 2 juillet 2013. À propos de KRUGMAN Paul, Sortez-nous de cette crise... maintenant !, traduit de A. Muchnik, Flammarion, 2012.

Thèmes : Economie - Notes de lecture

Aux yeux de Paul Krugman, la solution à la crise est simple : l’État doit gagner moins et dépenser plus. Si les réponses gouvernementales peuvent sembler mal ajustées, c’est selon lui la faute aux dogmes économiques dominants et à de puissants intérêts particuliers. En ligne ici.


La bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale, ou la managérialisation des sociétés industrielles au XXe siècle ?

Mars 2013, à propos de HIBOU Béatrice, La Bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale, La Découverte, 2012.

Thèmes : Management - Gouvernance - Etat - Notes de lecture

Le dernier ouvrage de B. Hibou est une exploration sociologique du pullulement normatif qui accompagne l’essor du néolibéralisme depuis une trentaine d’années. Si les cas étudiés sont éclairants, on peut regretter quatre partis pris de méthode : l’assimilation de la bureaucratie à un phénomène essentiellement capitaliste ; la focalisation sur l’ère néolibérale ; une conception trop strictement régalienne de la bureaucratie et du pouvoir ; et la minoration des dimensions symboliques et culturelles de la bureaucratie.

LeTexier-HibouBureaucratisationDuMonde(03.2013).pdf


La managérialisation de l’Etat et de l’administration publique : le cas de la police

Les Cahiers de la sécurité, n°23, mars 2013, pp.158-165

Thèmes : Management - Etat

Depuis le XVIe siècle, la croissance des États européens s’est accompagné de la sédimentation d’une rationalité gouvernementale spécifique, que nous appellerons la rationalité régalienne. Ce mode de gouvernement s’articule aux principes de justice, de légalité, de souveraineté, de sécurité, de centralisation et d’unité. À la fin du XIXe siècle, une rationalité gouvernementale nouvelle apparaît qui va être mobiliser pour penser et diriger les Etats européens et américain. Cette logique de gouvernement s’ordonne aux principes d’organisation, de planification, de contrôle, de comptabilité et d’efficacité. Nous la nommerons la rationalité managériale. L’extension de ce nouvel entendement du pouvoir tout au long du XXe siècle participe de la désacralisation croissante de l’État. Durant les trente dernières années, le pré carré traditionnel de la souveraineté s’est trouvé de plus en plus soumis à cette logique gestionnaire. Ainsi résumée, la distinction entre le principe régalien de justice et l’impératif managérial d’efficacité peut paraître un peu schématique. L’examen du cas de la police et de son rapport ambivalent au droit et à l’efficacité nous permettra de nuancer cette opposition.

Le Texier - Managérialisation de la police (2013).pdf


Francis Fukuyama et les inconsistances d’une Histoire universelle de l’État

Février 2013, à propos de FUKUYAMA Francis, Le Début de l’histoire. Des origines de la politique à nos jours, trad. de P. Guglielmina, Saint-Simon, 2012 [2011].

Thèmes : Etat - Notes de lecture

Publié vingt ans après son coup d’éclat sur la fin de l’Histoire, le dernier ouvrage de Fukuyama entreprend d’en raconter le début. Cette préquelle entend retracer la naissance et l’arrivée à maturité du héros de cette histoire politique de l’humanité : l’État. La méthode utilisée consiste « à généraliser et à comparer bien des civilisations et bien des époques » (2011, p.39) selon deux perspectives que nous allons maintenant discuter. Si cette quête des origines peut sembler moins intellectuellement hasardeuse que l’annonce d’une fin de l’Histoire, elle n’est guère plus convaincante.

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De l’« arrangement » à l’« organisation » : essai sur les dispositifs de gestion

Gérer et comprendre, Annales des Mines, mars 2013, n°111, pp.60-74

Thèmes : Management

Avant même que le terme de « management » ne soit usité au sein des entreprises privées, manager signifie arranger selon des normes objectives et dans un but d’ordre et d’efficacité. Dès la fin du XVIIIe siècle, cette notion désigne communément la régularisation des comportements au moyen d’agencements conçus selon des mesures et des calculs précis. Les ingénieurs industriels se réclamant du management scientifique s’inscrivent directement dans ce sillage lorsqu’ils entreprennent, à la charnière des XIXe et XXe siècles, d’organiser selon de tels dispositifs prétendant à l’objectivité les environnements de travail, les étapes de la production, la circulation de l’information et les structures hiérarchiques. Les théoriciens du management qui leur ont succédé ont étendu le champ d’application des dispositifs de gestion à la structure sociale des organisations et à la subjectivité des individus. Ils ont de ce fait confirmé l’importance du principe d’arrangement pour penser le management et avoué inconsciemment leur dette à l’égard des auteurs d’ouvrages de management des fermes et des foyers qui œuvraient au XIXe siècle.

LeTexier-Arrangement-Organisation-Dispositif(12-2012).pdf


Diagrammes montrant la préparation d’un plat selon deux arrangements différents (Frederick, 1913, p.52)

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Management Does Not Necessarily Follow Structure : A Reassessment of Chandler’s View on the Impact of Economic and Technological Factors on Management

Working Paper, October, 2012

Thèmes : Management - In English

Alfred Chandler’s work is of cardinal importance in understanding the emergence and growth of business corporations. Its central thesis can be summarized as follows : management follows structure, structure follows strategy, and strategy follows the dynamics of technology and markets. In a word, technology and markets, more than any other factor, shape a firm’s methods of managing. My research will attempt prove that, though the structure of a business enterprise can be conceived as a response to a given stage of technology and of market expansion, management cannot.

LeTexier-ChandlerStructure(v2_10-2012).pdf


Pierre Legendre et le management

Document de travail, oct. 2011

Thèmes : Management - Etat

Pierre Legendre a problématisé le management à la lumière de la pensée juridique chrétienne. Je défends pour ma part que la rationalité gestionnaire institue les individus selon un mode spécifique. Lire en ligne.


L’État, une entreprise ?

Interdépendances, n°84, janvier-février-mars 2012, pp.53-55

Thèmes : Gouvernance - Etat

Durant les trente dernières années, le pré carré traditionnel de la souveraineté s’est trouvé de plus en plus soumis à la logique gestionnaire. Le glissement d’un critère décisionnel reposant sur le principe de justice à un standard articulé à l’impératif d’efficacité constitue un révélateur de ce changement de paradigme gouvernemental. Lire l’article


The Uses and Misuses of Foucault for Thinking Management : A Case for a Theory of Managerial Governmentality

Working Paper, February 2012, 19 p.

Thèmes : Management - In English

From the beginning of the 1970s, Michel Foucault works on power. Repressing, ruling, dominating : the discipline, his first developed conception of power, is an essentially negative mechanism. By the mid-70s, Foucault strives to escape the binary and overbearing conception of power he inherited from the theories of sovereignty. He thus balances and nuances this understanding. The power then no longer takes the shape of the prison panopticon, but that of the government - in the narrow sense of State activity, and in the broad sense of a behavioural technology applied to free individuals. Yet, until his death, he remains encumbered by this regal rationality whose influence on the contemporary understanding of power he continues to criticize. Among the main notions he elaborates to cut off the king’s head, the concept of governmentality stands as the most drawn upon today. It is time for management thinkers and historians to seize it and develop a thorough theory of the managerial governmentality, rather than simply focus on the panopticon, subjectivation processes and the power/knowledge paradigm. Far from using the Foucault tool-box as an intellectual straitjacket, management students should use it as a liberating set of sketches to be questioned, complemented, and diverted if necessary.
Key-words : Foucault, discipline, governmentality, management

LeTexier-Foucault.ManagerialGovernmentality(02.2012).pdf


The First Systematized Uses of the Term “Management” in the 18th and 19th Centuries

Journal of Management History, Volume 19 Issue 2, 2011, pp.189-224

Thèmes : Management - In English

Since its appearance in the English language in the 16th century and until the beginning of the 20th century, the word “management” did not mean primarily “business management.” From the time when its use become frequent, in the middle of the 18th century, five generic types of literature make a repetitive use of the notion : these are texts on husbandry, medical care of the mother and of the infant, household administration, school supervision and engineering. While those uses are very diverse, when considered as a whole all these subject matters show coherence in their common definition of the term “management,” which could be summarized as : caring, making efficient , driving, systematizing, and calculating. This broad characterization of the word “management” was not an explicit reference for business management practitioners and theoreticians at the end of the 19th and at the beginning of the 20th century, but rather the mental foundation upon which mechanics, engineers, and accountants chose to build their own concept of the notion. From a global overview of this early discourse on management, we draw a hypothesis on the symbolic and institutional causes of the appearance of modern management.

LE_TEXIER_-_JMH_-_The_first_systematized_uses_of_the_term_management.pdf


The managerial rationality, from domestic administration to governance

Presentation of my PhD research, 6 p.

Thèmes : Management - Gouvernance - In English

In the eighteenth and nineteenth century, the notion of “management” takes a first meaning within a coherent set of concepts - care, industry, arrangement, conduct and calculation - which articulation draws a new way of thinking. At the beginning of the twentieth century, while the business corporation slowly emancipates from the family sphere, this rationality is redefined on the basis of four main general principles : efficiency, organization, control, and knowledge. This second managerial rationality shows, throughout the twentieth century, a unity and a stability that are of a nature neither scientific nor ideological. This rationality cannot be understood by the yardstick of the military discipline, of the patriarchal authority, of the instrumental rationality proper to the engineers, or of the capitalist rationality proper to the economists, for the very reason that it is formulated largely in reaction to these four rationalities. Precisely, the second managerial rationality constitutes a new understanding of the way of governing individuals, which we call a “governmentality”, in way slightly different from Foucault. This managerial governementality cannot be fitted into a unique organisational frame, but circulates between different institutions, the most prominent of which being the family, the business corporation and the state. The study of this new governmentality is the occasion to question the main views of government prevailing on both sides of the Atlantic for a century and a half, and thus to contributes to clarifying the contemporary ways of thinking about power.
Key-words : history, management, rationality, governmentality, institution

LE TEXIER - The Managerial Rationality (07.2011).pdf


Homemade Economics : The Managerial Rationalization of Women’s Everyday Life in America, 1820-1920

Working Paper, February 2012, 16 p.

Thèmes : Management - Economie - In English

The paper sketches the nature and the logic of the discourse on household administration in America from 1820 to 1920. Using a hermeneutic approach, it reveals how this literature insists on measuring for efficiency rather than on accounting for profit, and thus unveils understandings of management science and economics different from the ones prevailing nowadays. Finally, this study invites to understand this literature not mainly as an instrument for the male oppression of women but as a way for them of escaping tradition.
Key words : household management, economics, accounting, women’s emancipation

LeTexier- HomemadeEconomics(02.2012).pdf


D’un principe de justice à un standard d’efficacité : la rationalité régalienne à l’épreuve de la logique gestionnaire

Dissensus, n°4, avril 2011, pp.49-69

Thèmes : Management - Gouvernance

A partir du XVIe siècle, une rationalité régalienne charpente l’imaginaire gouvernemental européen. Tout en se structurant conceptuellement et pratiquement, notamment autour de l’administration du droit et de la justice par un Etat centralisé, cet art de gouverner régalien est travaillé par des éléments doctrinaux qui s’agrégent au XXe siècle pour former une rationalité gouvernementale nouvelle : la rationalité managériale, qui s’ordonne aux principes d’organisation, de planification, de contrôle, de comptabilité et d’efficacité. L’extension de cette nouvelle logique de gouvernement tout au long du XXe siècle participe de la désacralisation croissante de l’Etat. Durant les vingt dernières années, le pré carré traditionnel de la souveraineté s’est trouvé de plus en plus soumis à cette logique gestionnaire. Le glissement d’un critère décisionnel reposant sur le principe de justice à un standard articulé à l’impératif d’efficacité constitue un révélateur de ce changement de paradigme gouvernemental. Bien des explications tautologiques ont depuis entrepris de comprendre la progression de l’axiomatique managériale par son efficacité. A l’inverse j’entends ici indiquer comment et pourquoi le critère d’efficacité lui-même en est venu à supplanter les référentiels de jugement hier et avant-hier privilégiés, tels que l’ancienneté, la force, la bonté, l’égalité, la liberté, la légalité et la justice. En ligne sur le site de Dissensus.

LE TEXIER - Justice - efficacité (01-2011).pdf


Foucault, le pouvoir et l’entreprise : Pour une théorie de la gouvernementalité managériale

Revue de philosophie économique, Volume 12, numéro 2, pp.53-85

Thèmes : Management

A partir du début des années 1970, Michel Foucault travaille sur le pouvoir. Réprimer, réglementer, dominer : la discipline, sa première conception élaborée du pouvoir, est un mécanisme essentiellement négatif. Foucault semble alors peiner à s’extraire de la conception binaire et dominatrice du pouvoir qu’il a héritée des théories de la souveraineté. Dès le milieu des années 70, il nuance et rééquilibre cette vision. Le pouvoir ne prend plus dès lors la figure du panoptique carcéral mais celle du gouvernement - au sens restreint d’activité de l’Etat et au sens large de technologie comportementale s’appliquant à des individus libres. Mais de nouveau, notre auteur se trouve encombré par cette rationalité régalienne dont il ne cesse de critiquer l’emprise sur les entendements contemporains du pouvoir. A trois exception près : la première, c’est le pastorat chrétien ; la seconde, c’est le gouvernement de soi tel qu’il est formulé par les Anciens ; la troisième, c’est la gouvernementalité managériale, que Foucault ne fait qu’esquisser très brièvement et très incomplètement et que je m’emploierai à problématiser ici.

LeTexier-FoucaultGouvernementaliteMangeriale-Revue de philosophie économique.pdf


L’institutionnalisation de la société civile

Document de travail, janvier 2010, 11 p.

Thèmes : ONG et altermondialisme - Gouvernance

Dans les démocraties de marché, les organisations de la société civile sont devenues une forme majeure d’action et d’expression publique. En dépit d’une idée fort répandue, ces associations ne peuvent, dans leur grande majorité, prétendre au titre de contre-pouvoir. Et s’il en est ainsi, ce n’est pas qu’elles ont été assujetties par les pouvoirs publics ou économiques. Elles ont bien plutôt coproduit leur institutionnalisation, condition de leur survie et de leur croissance. Ce que démontre un examen des deux grandes formes de mobilisations associatives ayant eu lieu dans le giron des Nations unies et du G8 : la contre-expertise et le contre-sommet.

Le Texier - L’institutionnalisation de la société civile.pdf


La politique de Michael Oakeshott

Février 2009, 20 p.

Thèmes : Management

Aujourd’hui honoré dans le monde anglophone, l’historien et philosophe britannique Michael Oakeshott (1901-1990) est quasiment méconnu en France. Sa pensée présente l’intérêt de procéder par polarisation des concepts, des pratiques et des phénomènes : plutôt que de tenter leur impossible cartographie, elle les étire entre leurs deux tendances les plus extrêmes dont sera nécessairement composé tout ce qui se trouvera entre. Appliquant cette dialectique bipolaire aux domaines de la connaissance, de la morale et plus généralement de la politique depuis la fin du Moyen Age, notre auteur fait dialoguer front à front un rationalisme entreprenant et une philosophie réflexive, les politiques de la foi et du scepticisme, une morale du collectivisme et une autre de l’individualité, puis collige l’ensemble sous les espèces de l’« association d’entreprise commune » et de l’« association civile ». Son entendement de la politique non comme ingénierie institutionnelle mais comme activité de gouverner le conduit à placer le management au cœur de sa réflexion politique, et par là même, tout en critiquant le rabougrissement de la pensée politique en une doctrine de gestion, à proposer une analyse des pratiques de gouvernement préfigurant celle de Michel Foucault.

LE TEXIER - La politique de Michael Oakeshott (02.2009).pdf


Pourquoi défendre le FMI

Document de travail, juin 2007

Thèmes : Organisations internationales

Créé en 1944 pour garantir la stabilité de la finance internationale, le Fonds monétaire international est devenu dans les années 70 un instrument de sa libéralisation, tout en restant une institution internationale de première importance.
De nos jours, en proie aux scandales à répétition, à la dissidence de certains de ses membres, au désintérêt de ses fondateurs ainsi qu’à la critique conjointe des associations altermondialistes et des analystes institutionnels, le FMI ne garde pas moins d’indéniables qualité au regard des instances privées qui entreprennent, sous les encouragements du G8, de lui prendre des mains les manettes de la régulation financière internationale. Lire l’article.

Le Texier - Pourquoi défendre le FMI (06.2007).pdf


La Banque qui sait. Eléments pour une analyse des stratégies de domination cognitive de la Banque mondiale

La Lettre du Forum de Delphes, avril-mai 2006

Thèmes : Organisations internationales

Les discours se forment et se diffusent toujours au sein d’un « marché linguistique » où prospèrent monopoles et monologues. Détenant le contrôle des valeurs, des changes et de l’inflation, ils orientent par avance la production linguistique.
Nous postulons que c’est la grammaire de la Banque mondiale qui, dans le champ du développement, exerce un tel monopole. C’est donc en tant que banque de savoir et banque de discours, organe de connaissance et de reconnaissance, détenteur du pouvoir symbolique de production d’une vision du monde, que nous analyserons ici la Banque mondiale, nous intéressant plus à ses stratégies de domination cognitive et symbolique qu’à l’apparat rhétorique des documents et des rapports qu’elle publie — ce travail ayant été fait et refait avec talent. Voir par exemple les travaux de l’IUED (Institut universitaire d’études du développement), et en particulier l’ouvrage collectif coordonné par Gibert Rist, Les mots du pouvoir, sens et non-sens de la rhétorique internationale, Paris, PUF, Coll. Les cahiers de l’IUED, 2002. Lire l’article.

LE TEXIER - Banque mondiale et savoirs [06.2005 - 80 ko]


Quelques propositions de réforme du système international

Document de travail, mars 2006

Thèmes : ONG et altermondialisme - Organisations internationales

Ce document reprend l’articulation des principes, des objectifs, des revendications et des moyens supposés à la portée des associations en vue d’une transformation de l’ordre et des désordres mondiaux. Il déroule des principes : la dignité, l’égalité, la solidarité, la paix, la démocratie, le respect des droits humains et le respect de la nature, principes qui doivent guider toute avancée vers cette transformation, aussi infime soit-elle. Les objectifs ainsi que les revendications en découlent. La réalisation de ces objectifs et la défense de ces revendications sont généralement soumis en sus à des principes pratiques tels que la participation, la responsabilité, la transparence, la coopération et l’efficacité.
Je présente à titre indicatif ces moyens sous forme de listes non hiérarchisées et non exhaustives. Comme autant de preuves qu’un autre monde est pensable, ces propositions sont multiples et leurs combinaisons infinies. Elles seront jugées tour à tour utopiques, superficielles, réalistes, surréalistes, trop techniques ou trop générales. Formulés pour la plupart à l’échelle mondiale, elles peuvent et doivent dans certains cas être traduites dans les réalités régionales, nationales et même locales. Certaines sont aussi vieilles que les organisations qu’elles entendent réformer. D’autres enfin font largement consensus et sont défendue dans l’arène internationale par de nombreux acteurs, tant sociaux que politiques ou institutionnels Lire en ligne.

LeTexier-PropositionsRéformeSystèmeInternational[03.2006]


Après le Consensus de Porto Alegre, l’Appel de Bamako

Indymedia Marseille, 20 janvier 2006

Thèmes : ONG et altermondialisme

« Nous devons désormais constituer un véritable contre-pouvoir à l’échelle mondiale, un contre-pouvoir qui doit se poser la question du passage au politique. » Ignacio Ramonet résumait ainsi les enjeux de la conférence de Bandung bis qui a eu lieu en marge de l’ouverture du FSM de Bamako ces 18 et le 19 janvier. Si l’objectif de construire une unité politique autour de quelques propositions consensuelle est louable, les organisateurs de la conférence ont parfois versé dans le despotisme éclairé. Lire l’article.


Mémoires et fantômes coloniaux

À Propos..., n°8, hiver 2005

Thèmes :

Le 1er janvier 2005 était officiellement créée la Cité nationale de l’histoire de l’immigration en lieu et place du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO), balayant le souhait émis par de nombreux historiens de voir ce bâtiment (re)devenir le Musée de la colonisation [1].
Une occasion manquée aussi pour la République française de faire face à un passé qui ne passe pas parce qu’elle ne le pense pas. Lire en ligne.

Le Texier - Mémoires et fantômes coloniaux (2005)


Another World Is Thinkable : Citizens’ Movements, Global Governance and the Creation of Alternatives

Conference at Lancaster University, November 14th, 2005, 6 p.

Thèmes : ONG et altermondialisme - In English

Global governance should be the the major issue for the alternative globalisation movement. In what way are the alternatives to the global order put forward by social movements relevant, integrated and coherent ? Are those alternatives really alternative ? And what are the strategies put in place by the citizens’ movements to make this other world possible, or at least thinkable ? Read online.

La gouvernance mondiale devrait, a priori, être la grande affaire de l’altermondialisme, c’est-à-dire de ce courant qui aspire, comme son nom et sa devise l’indiquent, à un autre monde. Quelles sont donc les propositions portées par les mouvements sociaux et citoyens en matière de gouvernance mondiale ? Ces alternatives sont-elles réellement alternatives ? Et quelles sont les stratégies mises en place par ces mouvements pour faire cet autre monde possible, ou au moins pensable ?

LE TEXIER - Another World Is Thinkable [11.2005 - 30 ko]